La publicité, une fabrique d'enfants obèses ?

La publicité façonne les comportements alimentaires des enfants, estime l'association de consommateurs UFC-Que choisir qui a rendu publics les résultats d'une enquête dans ce sens.

Un peu plus de 12% des Français souffrent d'un problème d'obésité et 29% sont en surpoids, selon une étude ObEpi réalisée en 2006. Une autre enquête réalisée par la Caisse nationale d'Assurance maladie en 2005 montre que 19% des enfants de huit ans sont obèses.

Le phénomène ne cesse de progresser : chaque année le nombre de personnes obèses augmente de 5,7%.

Une série de facteurs ont été identifiés, tels que le manque d'activité physique, une offre alimentaire déséquilibrée ou des problèmes d'ordre héréditaire.

L'UFC-Que choisir a voulu savoir si les publicités auxquelles sont soumis les enfants quotidiennement pouvaient avoir une influence sur leur "idéal alimentaire" et participer de la progression de l'obésité en France.

Elle a réalisé une double étude. L'une sur les spots publicitaires diffusés pendant deux semaines sur TF1, France 3, France 5, M6 et Canal J pendant des programmes pour enfants et adolescents. L'autre porte sur le contenu des placards et des réfrigérateurs de 352 familles.

Sur 217 spots alimentaire ciblant spécifiquement les enfants, 89% font la promotion de produits trop riches en sucres ou en graisse. Fruits et légumes en sont quasiment absents.

L'association souligne que l'industrie alimentaire concentre l'essentiel de sa politique publicitaire sur les céréales sucrées, les produits laitiers sucrés ou gras et les confiseries, qui ont un intérêt nutritionnel limité.

Aucune des recommandations du Programme national nutrition-santé n'est correctement appliquée ou respectée, dénonce l'UFC.

VIENNOISERIES, CONFISERIES

La seconde enquête révèle que les enfants plébiscitent les céréales, les viennoiseries, et les confiseries. Ils sont 64% à les demander pour le petit-déjeuner et 60% pour le goûter ou les "encas". Or, ce sont justement les produits qui bénéficient d'une exposition massive à la télévision.

L'enquête montre que cet idéal alimentaire des enfants se retrouve à peu de choses près dans le contenu des placards et des réfrigérateurs à la maison, 40% des parents déclarant trouver difficile de résister aux demandes de leurs enfants.

L'association en conclut que la politique publicitaire de l'industrie agroalimentaire a une influence directe sur la consommation des enfants.

Pour Alain Bazot, président de l'association, l'industrie agroalimentaire ne peut plus "se dégager de ses responsabilités" et doit cesser son "travail de sape".

"Je ne peux plus admettre que l'on culpabilise les familles en disant c'est vous qui êtes responsables de ce que vous achetez à vos enfants", a-t-il dit lors d'une conférence de presse.

"Est-ce qu'il est normal qu'ils promeuvent à coups de millions des produits qu'il ne faudrait pas consommer en grande quantité, et après faire le procès des parents qui achètent ces produits ?", a-t-il demandé.

L'association demande l'interdiction de la publicité à destination des enfants qui portent sur des produits trop gras ou trop sucrés.

Elle va mener une campagne avec d'autres associations européennes de consommateurs pour que cette mesure soit évoquée lors du débat au parlement européen en décembre prochain sur la directive "Télévision sans frontières"



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